Projet ECOS coordonné par Philippe WALTER et Marcela SEPULVEDA, Directeur de Recherche au Departamento de Antropología, Universidad de Tarapacá, 18 de Septiembre, 2222, Casilla 6D. ARICA, CHILE.
La Culture Chinchorro se caractérise par ses pratiques funéraires de momification intentionnelle et artificielle considérées, actuellement, les plus anciennes du monde. Ces pratiques remontent en effet au VII millénaire avant le présent, et correspondent a des momies réalisées par des groupes de pêcheurs- cueilleurs qui habitent la cote nord du Chili (depuis la vallée d’’Azapa jusque la ville d’’Antofagasta) et les vallées du sud du Pérou (pres de la ville d’’Ilo), zone qui correspond au désert d’’Atacama, un des plus arides du monde.
Ce groupe a habité la côte pacifique en développant une complexe technologie de pèche avec l’’usage d harpons de coquillage et d’’épines de cactus, des filets de pèches, des instruments en pierre, des propulseurs et des dards, pour la chasse de loups marins, de diverses espèces de poissons et des guanacos. Ils fabriquaient, également, des objets en fibre végétale, avec diverses formes de vannerie, et des vêtements du type jupons ; puisque l’’on observe l’’absence de laine pour les tissus, la fabrication de céramique et d objets métalliques. Il s’agit donc de groupes semi-sédentaires mais sans technologies telles que le tissage en laine, la céramique et le métal.
Aujourd’hui, la Culture Chinchorro est donc principalement connue par ses pratiques funéraires, ou l’on observe diverses formes et techniques au long de plusieurs millénaires (Arriaza 1995; Standen 1997). Il s’’agit d’’enterrements multiples de corps allongés parfois couvert de peaux de camélidés et de grand tissage plat de fibre vègètale.
Les techniques de momification sont, particulièrement, complexes et variées, mais l’’on observe certaines caractéristiques communes : les corps sont décharnés et remontés en utilisant des bois, des argiles et des peintures ; par la suite, les organes et le visage sont modelés, en ajoutant une perruque et en peignant le corps en rouge ou en noir.
La variabilité observée permet, actuellement, d’’identifier différents types de momification, lesquels ont une corrélation chronologique. On distingue les momies noires, les plus anciennes (5.000- 3.000 av. J.-C.) des momies rouges, les plus rècentes (2.500- 2.000 av.J.-C.). Il existe, également, des momies bandées, une dérivation des momies rouges, qui présentent la particularité de disposer la peau du corps, une fois décharnée, sous forme de longues bandes qui entourent chaque membre et les différentes sections du corps. Ces diverses formes et pratiques de momification sont, très probablement, des manifestations de changements idéologiques ou sociaux qui ont eu lieu au court du temps, permettant d identifier différentes phases de développement de la Culture Chinchorro, et non pas d être perçue comme une unique culture sans changement. En résumé, le plus surprenant de la Culture Chinchorro est sa tradition de momifier différents individus, hommes et femmes et aussi des enfants, nouveaux nés et fœœtus de naissances prématurées. Ces populations étaient organisées très probablement en petite bande d entre 20 et 30 personnes, ayant surement des liens familiaux entre eux. Ils momifiaient les différents individus sans distinction de sexe ou d âge.
Jusqu’à présent, néanmoins, nous connaissons seulement les procédés de momification dans leurs aspects formels, raison pour laquelle il résulte donc particulièrement intéressant de préciser les éléments et composants employés dans les différents types de momification, en évaluant la continuité et les possibles changements observés au long de la séquence culturelle de la Culture Chinchorro ; et, s’’il est possible d’’observer des changements entre les individus momifiés, selon leur genre et âge. Le principal objectif de cette collaboration a pour but de comprendre de façon plus aboutie les techniques de momification de la culture Chinchorro, de l’’extrême nord du Chili. Plus précisément, nous cherchons à entrer dans le monde infime de la nano- cosmétologie, employée par les anciens habitants de la côte du nord du Chile, dans les processus de momification développés au cours de plusieurs millénaires ; nous attachant plus particulièrement aux argiles et autres sédiments employés, aux peintures appliquées et a la confection de chevelures (« perruques ») sur la tête à la place des cheveux.