Colloque de Sorbonne Université : Sciences et patrimoine culturel

VENDREDI 14 FÉVRIER 2014 DE 9H À 18H AMPHITHÉÂTRE DURAND (BÂTIMENT ESCLANGON) ET TOUR ZAMANSKY CAMPUS JUSSIEU – 4 PLACE JUSSIEU – 75005 PARIS 

Journée d’étude organisée par :

Jean-Louis BATOZ (UTC), Ludovic BELLOT-GURLET (UPMC), Stephan DUGAST (MNHN), Christophe FALGUÈRES (MNHN),Thierry LAUGÉE (Paris Sorbonne), Sylvie LE BOMIN (MNHN), Dany SANDRON (Paris-Sorbonne), Charlotte RIBEYROL (Paris-Sorbonne), Philippe WALTER (UPMC)

Le colloque de lancement de la thématique, qui aura lieu le vendredi 14 février 2014, permettra d’illustrer les principaux axes de recherche proposés par le comité d’organisation et de favoriser autour d’ateliers la préfiguration d’équipes interdisciplinaires susceptibles de répondre à l’appel à projets qui sera publié à la suite du colloque.

 – attention, clôture des inscriptions le jeudi 13 février 2014 midi 

Les enjeux des études sur le patrimoine culturel sont déterminants et concernent de multiples disciplines des sciences de l’Homme et des sociétés, allant de l’histoire de l’art et l’archéologie à l’anthropologie ou la géographie. Pour y répondre, la mise en place de démarches interdisciplinaires impliquant également les sciences physiques et chimiques ainsi que les sciences de la nature et de l’environnement, conduit à la réalisation de recherches nouvelles apportant des données souvent inattendues.
Plusieurs équipes de Sorbonne Universités développent des études interdisciplinaires autour du patrimoine culturel mobilier et immobilier, qu’il soit matériel (monuments, sites archéologiques, œuvres d’art, etc.) ou immatériel (traditions, rituels, arts du spectacle, etc.). Le soutien du programme Convergence à des projets innovants, associant au moins deux équipes de deux établissements différents de Sorbonne Universités, vise à encourager des dynamiques de recherches s’inscrivant dans cette thématique et à en accroître les ambitions, la qualité et la visibilité. De nouvelles synergies pourront ainsi être créées à partir des compétences complémentaires déjà existantes et reconnues au niveau national ou international.
Pour approfondir cette thématique, un cadrage structurant est proposé autour de trois axes de recherches complémentaires, appelés à se nourrir mutuellement des approches originales engendrées par les décloisonnements disciplinaires.

AXE 1. Images, textes, matières et techniques.

Cet axe se donne pour objectif de confronter les textes des artistes et de leurs contemporains aux techniques et aux matières utilisées dans le processus de création artistique et/ou artisanale et décrites au moyen d’analyses physico-chimiques. Il s’agira de croiser l’analyse d’images avec celle de textes (théorie et critique d’art, ekphrasis, correspondances, documentation technique, etc.) dans le cadre d’une interrogation autour de la matérialité des œuvres et des objets. Tous les arts pourront être abordés (notamment la peinture, la sculpture, la gravure, ou la photographie) mais aussi la question du livre et de l’édition ou encore des produits pharmaceutiques qui ont été très longtemps associés aux matériaux des peintres.
Parmi les multiples orientations envisagées, il sera possible de mettre l’accent sur les relations entre les couleurs et les matières utilisées dans les œuvres des artistes (mélanges et superpositions de couches de peinture) ou qui sont au cœur de certaines techniques artisanales (fabrication d’objets en verre tels des vitraux, en métal ou en céramique décorée, etc.). On pourra également élargir la réflexion à l’ensemble des productions des sociétés préhistoriques, historiques ou contemporaines, dès lors que le choix des matières dans le cadre de pratiques artistiques et artisanales engage des considérations d’ordre symbolique.

AXE 2. Du site à l’objet : environnements, chronologies, savoirs techniques

Les informations livrées par les objets anciens, les monuments ou les sites sont des témoins essentiels des activités humaines. Les déchiffrer et les conserver nécessite le développement d’approches globales aptes à appréhender ces systèmes complexes à toutes les échelles.
Les sites archéologiques ou monuments s’abordent ainsi en combinant notamment l’archéologie, l’histoire, l’histoire de l’art, la géophysique, la pédologie, la chronologie, la géochimie, la numérisation 3D, etc. Les enjeux sont de replacer les activités humaines dans une reconstitution ou une modélisation de leurs écosystèmes et dans leur dynamique originelle.
L’étude des objets combine les analyses techniques ou artistiques et la recherche au sein de la matière de marqueurs relatifs à leur datation, leur origine et aux procédés d’élaboration. La rencontre de ces approches permet de retracer l’évolution des chaines opératoires et l’histoire des techniques en éclairant les transformations des sociétés. Actuellement de nouvelles technologies, notamment mobiles, permettent d’élargir le champ des objets accessibles et des problématiques abordées, le défi étant d’établir des stratégies interdisciplinaires intégrées, depuis le laboratoire jusqu’au site.
En parallèle, des études sur les mécanismes de dégradation à très long terme sont à conduire pour l’interprétation optimale des données, mais aussi pour proposer des éléments de diagnostic et des procédures de restauration ou de conservation. Le cas échéant, il s’agit aussi de prendre part à l’élaboration des stratégies de conservation et de restitution du patrimoine culturel vers le public.

AXE 3. Patrimonialisation du savoir scientifique.

Récemment, d’importantes recherches ont été menées sur la perméabilité entre pratiques artistiques et usages scientifiques, que ce soit dans le domaine de l’archéologie, de l’anthropologie, de l’illustration scientifique, de la statuaire médicale, ou de la photographie clinique. Elles ont donné lieu à des expositions d’envergure, telles Figures du corps : une leçon d’anatomie à l’École des beaux-arts à l’ENSBA en 2008-2009 ou Endless forms : Charles Darwin, natural science and the visual arts au Fitzwilliam Museum et au Yale British Center for British Art en 2009. Mêlant œuvres d’art et outils scientifiques, elles interrogeaient de fait la validité de leur catégorisation respective. Dans le travail de patrimonialisation du savoir scientifique propre à la période contemporaine, cette remise en cause des catégories doit être intégrée dans les nouvelles réflexions interdisciplinaires. L’enjeu de cette thématique est d’amener à porter un regard neuf sur le recours aux œuvres d’art et aux artistes dans l’élaboration d’un savoir scientifique. Dans cette perspective, l’œuvre sera tout autant envisagée comme support des sciences exactes, qu’en tant qu’objet de contemplation esthétique. 

Par la confrontation des méthodes de réalisation, de collecte, d’inventaire, de valorisation, d’exposition des œuvres d’art et des objets scientifiques, il s’agira par ailleurs d’envisager combien, tout au long de la période contemporaine, artistes, artisans et scientifiques, musées et muséums se sont nourris de leurs approches respectives pour contribuer ensemble au progrès des sciences et à leur conservation.

Télécharger le programme ici.